Т Р А Н С - С И Б И Р Ь / T R A N S - S I B E R I A
O U L A T R A V E R S É E D E L A T E R R E Q U I D O R T
2015 - 2023
︎ TRANS-SIBERIA, LE LIVRE
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GENÈSE DE L’OUVRAGE
La genèse de cet ouvrage est singulière à plus d’un titre. Fondé sur un voyage réalisé en 2015, et qui a donné naissance à une exposition présentée dans une galerie parisienne, il revisite le premier projet du duo Neotravelmakers qui s’intitulait alors Great Tourist, a new way to travel in Russia.
Sept années se sont écoulées entre ce périple et la publication de ce récit dessiné à deux voix. Il paraissait essentiel de réinvestir ces pérégrinations à bord du Transsibérien afin d’en extraire une publication, à la fois pour formaliser et donner une pérennité à un déplacement géographique passé, mais aussi pourre tracer l’origine d’une recherche artistique, plus que jamais active, qui s’est nourrie de la question de la mobilité artistique depuis ses débuts.
Initié en 2021, le corpus d’images de cet ouvrage s’est étoffé jusqu’en 2022. Au même moment, un événement majeur a considérablement ébranlé le bien-fondé de ce projet. Le 24 février 2022, la Russie a mené, selon les mots de son actuel président Vladimir Poutine, une « opération militaire spéciale » en Ukraine. Depuis ce jour, nous assistons, impuissants, aux drames que vivent nos proches voisins ukrainiens, dont certains sont nos amis. Qu’à aucun moment ils ne se méprennent sur nos intentions et notre profonde solidarité à leur égard. Notre volonté est ici de présenter et de partager un travail de recherche plastique qui s’est façonné durant la traversée des étendues eurasiennes. D’une certaine façon, en se référant modestement au titre du célèbre ouvrage éponyme de Stefan Zweig, nous convoquons « le monde d’hier » ; un univers à la fois proche et lointain, bouleversé par une actualité tragique. Ce voyage, aujourd’hui, ne serait sans doute plus possible.
NEUF CHAPITRES, UNE DIALECTIQUE MÊLANT TEXTES ET IMAGES
Pourquoi ajouter des images à un monde déjà saturé d’images ? C’est une question que nous nous sommes souvent posée. Cette entreprise répond probablement à un besoin implicite, celui de donner forme et matière à un regard personnel, qui existe en nous et non hors de nous. Cette quête, infinie, mérite sans conteste d’y consacrer toute une vie.
Ayant pris le parti de faire la part belle à nos sensibilités respectives, ce livre se présente comme un dialogue entre un homme et une femme aux regards distincts, afin de questionner, en filigrane, la façon dont une expérience vécue au même moment, au même endroit, peut faire émerger des créations en apparence divergentes, mais ô combien complémentaires.
Nous sommes convaincus que c’est de la diversité des regards que naît la richesse d’un travail de création, raison pour laquelle nous avons fait le choix de privilégier l’aventure collective à l’expérience individuelle.
Formellement, cet ouvrage respecte la chronologie de notre voyage. Partant de Saint-Pétersbourg, il se prolonge à Moscou, puis à bord du Transsibérien.
Plusieurs haltes, à Tioumen, Tobolsk, Irkoutsk, Olkhon, et Oulan-oude, nous ont amenés à traverser la frontière russe pour rejoindre Oulan-Bator en Mongolie, puis Beijing en Chine. Chaque ville a donné lieu à un chapitre composé d’images
et de textes, qui mêlent réflexions, informations, et interprétations de situations de voyages et de lieux parcourus. Il est aussi l’amorce d’une démarche de création qui questionne le territoire, la mémoire et l’histoire pour ne pas céder à l’oubli.
L’ICONOGRAPHIE
Trans-Siberia convoque différents types de médiums graphiques. Cartes, dessins et photomontages numériques sont autant de fenêtres ouvertes sur nos souvenirs et nos imaginaires.
SERIE DE DESSIN À LA GRAPHITE
La série de dessins présentée dans l’ouvrage, intégralement réalisée à la graphite sur papier, questionne implicitement la fabrique des images. Rappelons que le matériau qui a été employé pour sa fabrication tient son origine du mot grec γράφειν (graphein, écrire), que lui a attribué le minéralogiste Abraham Gottlob Werner, en 1789. Cet étonnant minerai, qui sert à la fabrication de mines de crayon, mais aussi de pièces mécaniques, de batteries, d’absorbants, et même de composants pour les missiles et les réacteurs nucléaires, fera lui aussi un jour partie du « monde d’avant », la Commission européenne l’ayant intégré dans la liste des 14 matières premières critiques, dont la fin serait annoncée pour 2062. Chaque année, des millions de tonnes de graphite sont extraites des sols du monde entier, principalement en Chine qui possède 80 % des réserves mondiales, et dans dix autres pays qui détiendraient 20 % des autres réserves restantes, dont la Russie. Cet outil si particulier, dont à peine quelques centaines de grammes ont été nécessaires pour réaliser l’ensemble de ces dessins, n’a donc pas été sélectionné par hasard. Les gammes de gris qu’il génère s’accordent de façon troublante avec les lumières froides de Russie et les ciels saturés de particules fines de Chine. Ce minerai n’est donc pas qu’un simple outil, sa trace est aussi l’évocation directe des terres, des sols, des sous-sols, et des atmosphères des différents espaces que nous avons traversés.
︎ POUR ALLER PLUS LOIN
CORPUS DE DESSINS ︎︎︎ EXPOSITION ︎︎︎
GENESIS OF THE WORK
The genesis of this work is unique in more ways than one. Based on a trip taken in 2015, which gave rise to an exhibition presented in a Parisian gallery, it revisits the first project by the Neotravelmakers duo, then entitled Great Tourist, a new way to travel in Russia.
Seven years passed between this journey and the publication of this illustrated story told by two voices. It seemed essential to revisit these travels aboard the Trans-Siberian Railway in order to produce a publication, both to formalize and perpetuate a past geographical journey, but also to trace the origins of an artistic research project, more active than ever, which has been nourished by the question of artistic mobility since its inception.
Begun in 2021, the collection of images for this book grew until 2022. At the same time, a major event considerably undermined the validity of this project. On February 24, 2022, Russia carried out, in the words of its current president Vladimir Putin, a “special military operation” in Ukraine. Since that day, we have been helplessly witnessing the tragedies unfolding among our close Ukrainian neighbors, some of whom are our friends. Let there be no mistake about our intentions and our deep solidarity with them. Our aim here is to present and share a visual research project that took shape during our journey across the Eurasian expanse. In a way, modestly referring to the title of Stefan Zweig's famous eponymous work, we summon “the world of yesterday”; a universe that is both near and far, shaken by tragic events. Today, this journey would undoubtedly no longer be possible.
NINE CHAPTERS, A DIALECTIC BLENDING TEXTS AND IMAGES
Why add images to a world already saturated with images? This is a question we have often asked ourselves. This undertaking probably responds to an implicit need, that of giving form and substance to a personal perspective that exists within us and not outside us. This quest, infinite in nature, undoubtedly deserves to be devoted to for a lifetime. Having decided to give pride of place to our respective sensibilities, this book presents itself as a dialogue between a man and a woman with distinct perspectives, in order to question, between the lines, how an experience lived at the same time, in the same place, can give rise to creations that are seemingly divergent, yet so complementary. We are convinced that this is the
the richness of creative work stems from a diversity of perspectives, which is why we chose to prioritize the collective adventure over individual experiences.
Formally, this book follows the chronology of our journey. Starting in Saint Petersburg, it continues to Moscow, then aboard the Trans-Siberian Railway.
Several stops in Tyumen, Tobolsk, Irkutsk, Olkhon, and Ulan-Ude took us across the Russian border to Ulaanbaatar in Mongolia, then Beijing in China. Each city is the subject of a chapter composed of images and texts, which combine reflections, information, and interpretations of travel situations and places visited. It is also the beginning of a creative process that questions territory, memory, and history so as not to give in to oblivion.
ICONOGRAPHY
Trans-Siberia brings together different types of graphic media. Maps, drawings, and digital photomontages are all windows onto our memories and imaginations.
SERIES OF GRAPHITE DRAWINGS
The series of drawings presented in the book, all done in graphite on paper, implicitly questions the fabrication of images. It should be noted that the material used to make them takes its name from the Greek word γράφειν (graphein, to write), given to it by mineralogist Abraham Gottlob Werner in 1789. This amazing mineral, which is used to make pencil leads, but also mechanical parts, batteries, absorbents, and even components for missiles and nuclear reactors, will one day also be part of the “world before,” as the European Commission has included it in the list of 14 critical raw materials, which are expected to run out by 2062. Every year, millions of tons of graphite are extracted from the ground around the world,
mainly in China, which has 80% of the world's reserves, and in ten other countries that hold 20% of the remaining reserves, including Russia. This unique tool, which required only a few hundred grams to create all of these drawings, was not chosen at random. The shades of gray it produces are strikingly similar to the cold light of Russia and the skies saturated with fine particles in China. This mineral is therefore not just a simple tool; its mark is also a direct evocation of the lands, soils, subsoils, and atmospheres of the different spaces we have traveled through.
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